La Commission européenne envisage d’instaurer un contrôle technique annuel pour les véhicules de plus de 10 ans. Cette proposition suscite des interrogations au sein de la Ligue contre la violence routière. Pierre Lagache, vice-président de l’organisation, a exprimé son scepticisme le 7 mai 2025 concernant l’efficacité d’une telle mesure pour améliorer la sécurité sur les routes.
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ToggleRéaction mitigée face au projet de contrôle technique annuel
La Ligue contre la violence routière manifeste une certaine réserve face à ce projet européen. Pierre Lagache, vice-président de l’association, a partagé son point de vue lors d’une intervention sur les ondes de franceinfo. « Cette mesure nous laisse quand même un peu perplexes », a-t-il déclaré, questionnant la pertinence de cette initiative.
En février dernier, des rumeurs circulaient déjà concernant un possible renforcement du contrôle technique en France. Ces allégations avaient alors été formellement démenties par les ministères de l’Aménagement du territoire et de la Transition écologique. Aujourd’hui, le projet semble prendre une nouvelle dimension avec l’implication des instances européennes.
Le parc automobile français présente une moyenne d’âge de onze ans. Cela signifie qu’une large proportion des véhicules serait concernée par cette mesure. Les propriétaires de voitures anciennes devraient alors se soumettre à un contrôle technique tous les ans, au lieu des deux années actuellement en vigueur pour ces véhicules.
Facteurs d’accidents routiers et impact du contrôle renforcé
Selon les analyses de la Ligue contre la violence routière, les accidents graves résultent de multiples facteurs. Pierre Lagache souligne que dans plus de 90% des accidents graves, le comportement du conducteur constitue un élément déterminant. La vétusté des véhicules, bien que significative, n’apparaît pas comme le facteur prédominant.
Voici les principales causes d’accidents graves sur les routes françaises :
- Comportement inapproprié des conducteurs (90% des cas)
- État technique des véhicules (environ 20% des cas)
- Conditions météorologiques défavorables
- Infrastructure routière inadaptée
- Facteurs extérieurs imprévisibles
Le vice-président de la Ligue s’interroge sur l’existence « d’éléments probants » démontrant un gain significatif en termes de sécurité routière si la périodicité du contrôle technique passait de deux ans à un an seulement pour les véhicules plus anciens.
Périodicité actuelle | Projet européen | Population concernée |
---|---|---|
Tous les 2 ans | Tous les ans | Propriétaires de véhicules > 10 ans |
Dimension sociale de la mesure proposée
La dimension sociale représente un aspect crucial dans l’analyse de cette proposition. Pierre Lagache met en garde contre les répercussions potentielles sur les ménages les moins favorisés. Les propriétaires de véhicules anciens sont souvent ceux disposant de moyens financiers plus limités.
« C’est une mesure qui doit nous interroger socialement », insiste le représentant de la Ligue. Les coûts supplémentaires engendrés par un contrôle technique annuel pourraient peser lourdement sur le budget des foyers modestes, déjà confrontés à diverses difficultés économiques.
Alors que l’âge moyen du parc automobile français atteint onze ans, une grande partie des conducteurs serait touchée par cette nouvelle réglementation. Les implications socio-économiques méritent donc une attention particulière lors de l’évaluation de cette initiative européenne.
Vers des alternatives plus efficaces
Tout en reconnaissant l’importance d’agir pour renforcer la sécurité routière, la Ligue contre la violence routière suggère d’étudier d’autres pistes potentiellement plus efficaces. « Il y a matière à agir en termes de sécurité routière, et on appelle le gouvernement à agir », affirme Pierre Lagache.
L’organisation préconise une approche plus globale, ciblant prioritairement les comportements à risque qui constituent la cause principale des accidents graves. Des mesures de prévention, de sensibilisation et d’éducation pourraient s’avérer plus pertinentes pour réduire significativement la mortalité sur les routes françaises.
La Ligue reste vigilante quant à l’évolution de ce projet européen et continue de plaider pour des politiques de sécurité routière fondées sur des données probantes, équilibrées et tenant compte des réalités socio-économiques des usagers de la route.