C’est officiel : le site Pornhub réouvre en France, voici la décision de justice rendue le 20 juin 2025

site accessible

La réouverture des sites pour adultes du groupe Aylo marque un tournant dans le bras de fer juridique entre les plateformes pornographiques et le gouvernement français. Après seulement quelques semaines d’interruption, Pornhub, YouPorn et Redtube sont à nouveau accessibles aux internautes français suite à une décision du tribunal administratif de Paris. Cette situation met en lumière les questions complexes concernant la légalité des contenus en ligne en France et la protection des mineurs.

Le retour inattendu des sites pornographiques en France

Le tribunal administratif de Paris a invalidé l’arrêté d’interdiction émis par le gouvernement français, jugeant qu’il n’était pas conforme au droit européen sur l’accès aux sites web. Cette décision rappelle les limites juridictionnelles de la France face à des plateformes hébergées dans d’autres pays de l’Union européenne.

Dès leur retour en ligne, les sites du groupe Aylo affichent un message clair à destination des utilisateurs français. Le groupe y réaffirme sa position : les citoyens français méritent une réglementation efficace contre l’accès des mineurs aux contenus adultes, tout en protégeant la vie privée des utilisateurs légitimes.

Cette réouverture intervient après que le groupe Aylo avait lui-même décidé de suspendre ses services en France début juin 2024. Cette suspension faisait suite à l’adoption de la loi du 21 mai 2024 visant à réguler l’espace numérique, qui imposait une vérification stricte de l’âge des visiteurs.

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SiteDate de suspensionDate de réouverture
Pornhub4 juin 202420 juin 2025
YouPorn4 juin 202420 juin 2025
Redtube4 juin 202420 juin 2025

Les enjeux économiques derrière la décision d’Aylo

La France représente un marché considérable pour le groupe Aylo. En 2024, l’Hexagone totalisait environ 469 millions de visites mensuelles sur Pornhub, plaçant les Français en quatrième position des plus grands consommateurs mondiaux du site, derrière les États-Unis, l’Indonésie et le Brésil.

Pornhub, classé huitième site le plus consulté au monde en 2025, dépasse en trafic des géants comme X (ex-Twitter) ou Amazon. Avec environ 7 millions de visites quotidiennes provenant de France, l’importance économique du marché français est indéniable pour le groupe.

Le modèle économique d’Aylo repose principalement sur deux sources de revenus :

  • La publicité insérée dans les pages et vidéos
  • Les abonnements premium proposés aux utilisateurs
  • Les partenariats avec d’autres acteurs du divertissement pour adultes
  • Les revenus générés par l’exploitation de données d’utilisation anonymisées

Cette réalité économique soulève des questions sur la durabilité de la position d’Aylo. La perspective de perdre définitivement l’accès au marché français pourrait-elle amener le groupe à reconsidérer sa position sur la vérification d’âge ? L’expérience américaine suggère que non, puisque le groupe a préféré se retirer de plusieurs États américains ayant adopté des législations similaires.

Protection des mineurs versus respect de la vie privée

Au cœur du conflit se trouve la question épineuse de la vérification d’âge. Solomon Friedman, PDG d’Aylo, affirme soutenir la protection des mineurs tout en rejetant les méthodes actuelles de vérification d’identité, qu’il juge trop intrusives pour la vie privée des utilisateurs.

La position d’Aylo trouve un certain écho dans les préoccupations concernant la confidentialité des données personnelles. La collecte d’informations d’identité pour accéder à des contenus pornographiques soulève des inquiétudes légitimes sur le stockage et la protection de ces données sensibles, surtout dans un domaine aussi intime.

L’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) a pourtant adopté un cadre assez souple, permettant aux sites d’adopter des solutions de « double anonymat » – systèmes qui vérifient l’âge sans recueillir l’identité de l’utilisateur. Ces solutions techniques pourraient potentiellement concilier protection des mineurs et respect de la vie privée, mais les défis techniques liés à la vérification en ligne restent nombreux.

La position de l’Union européenne sera déterminante dans ce dossier. Le Digital Services Act (DSA) impose déjà aux plateformes de vérifier l’âge des utilisateurs, et la Cour de justice de l’Union européenne continue de travailler sur des modalités plus précises pour protéger les mineurs face aux contenus pornographiques.

Cette situation illustre parfaitement la complexité de la régulation d’internet, où s’affrontent les impératifs de protection des publics vulnérables et le respect des libertés individuelles dans un environnement technologique en constante évolution.

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