« 87% des héritages ne sont pas taxés » : taxer les successions pour renflouer les caisses ? Le projet dérange

87% des héritages ne sont pas taxés taxer les successions pour renflouer les caisses le projet dérange

Les débats sur la taxation des héritages reviennent régulièrement dans l’actualité économique française. Un récent rapport suggère d’augmenter légèrement les droits de succession pour contribuer au financement de la Sécurité sociale. Cette proposition suscite de nombreuses réactions, alors même que la majorité des successions en France échappent actuellement à l’impôt.

La réalité méconnue des droits de succession en France

Contrairement aux idées reçues, une écrasante majorité des héritages en France ne sont pas soumis à l’impôt. Jean-Baptiste Bullet, porte-parole de la chambre des Notaires de Paris, affirme que 87% des successions françaises ne sont pas taxées. Cette statistique peu connue du grand public s’explique principalement par le système d’abattements et d’exonérations existant.

Le mécanisme fiscal actuel prévoit des abattements variant de 1 594 à 100 000 euros selon le lien de parenté avec le défunt. Les enfants et parents bénéficient de l’abattement le plus élevé, soit 100 000 euros par héritier. À cela s’ajoute que, la possibilité de donner jusqu’à 100 000 euros tous les quinze ans sans taxation permet d’optimiser significativement la transmission du patrimoine.

Ces dispositifs expliquent pourquoi la grande majorité des Français ne paient pas de droits lors d’un héritage, malgré l’impopularité de cet impôt. Un sondage révèle d’ailleurs que 83% des Français se montrent hostiles aux droits de succession, une opposition qui contraste avec la réalité de leur application.

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Impact d’une potentielle hausse des droits de succession

Le rapport évoquant une augmentation des droits de succession propose une hausse modérée de 1%. Cette modification permettrait de générer environ un milliard d’euros de recettes supplémentaires pour les caisses de la Sécurité sociale. La structure envisagée maintiendrait une tranche principale à 20% pour les héritages entre 16 000 et 550 000 euros, tout en créant une nouvelle tranche à 25%.

Selon Jean-Baptiste Bullet, même avec cette augmentation, la plupart des successions continueraient d’échapper à l’impôt grâce aux abattements existants. Le système d’optimisation fiscale via les donations régulières resterait efficace pour limiter la taxation.

Pour mieux comprendre les différents taux applicables selon le montant hérité, voici un tableau récapitulatif des tranches actuelles en ligne directe :

Fraction de part nette taxableTaux applicable
Jusqu’à 8 072 €5%
Entre 8 072 € et 12 109 €10%
Entre 12 109 € et 15 932 €15%
Entre 15 932 € et 552 324 €20%
Entre 552 324 € et 902 838 €30%
Entre 902 838 € et 1 805 677 €40%
Au-delà de 1 805 677 €45%

Taxation des grands patrimoines et alternatives proposées

Si la majorité des successions échappe à l’impôt, certains héritages peuvent être lourdement taxés. Les transmissions importantes peuvent faire l’objet d’une imposition pouvant atteindre 45% pour les patrimoines les plus élevés en ligne directe. Cette progressivité explique certaines situations où les héritiers doivent s’acquitter de sommes considérables.

Une alternative aux droits de succession classiques serait de cibler davantage les grandes fortunes. L’organisation Oxfam suggère notamment de relever l’imposition sur les patrimoines les plus importants, ce qui pourrait générer jusqu’à 160 milliards d’euros de recettes sur une période de trente ans.

Les principales pistes pour réformer la fiscalité des successions incluent :

  • La révision des abattements accordés selon le lien de parenté
  • L’ajustement des tranches d’imposition pour les patrimoines importants
  • La modification de la périodicité des donations exonérées
  • La création de dispositifs spécifiques pour les transmissions d’entreprises
  • L’harmonisation des régimes fiscaux entre donations et successions

Ces débats sur la fiscalité successorale s’inscrivent dans une réflexion plus large sur la justice fiscale et le financement durable de notre modèle social. Le paradoxe reste que, malgré l’opposition massive des Français à cet impôt, la grande majorité d’entre eux n’y sont pas soumis dans les faits.

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